Etes vous optimiste ? Oui et non ! Oui, parce que le monde de l'orgue est rempli de gens passionnés qui transmettent si bien leur enthousiasme pour cet instrument et sa musique que même si l'activité est réduite elle demeure néanmoins très vivante, ils y croient ... c'est une attitude très constructive qui souvent emporte l'adhésion. Non, parce qu'il faut bien reconnaître que l'orgue et sa musique lasse les gens et les laisse de plus en plus indifférents. Il y a donc peu de chance qu'un domaine aussi particulier que celui-ci aille en se développant, c'est l'un des aspects du problème. Par ailleurs, le lieu, l'église, dans lequel notre instrument évolue et pour lequel il est fait, n'est plus aussi fréquenté qu'autrefois. Il suffit pour s'en convaincre d'assister à la messe dominicale d'une paroisse française et aussi pour se rendre très vite compte d'un niveau musical pas follement enthousiasmant ! On peut se demander si cela n'atteint pas plus ou moins l'image de notre instrument et de sa musique. J'ai rencontré beaucoup de gens amateurs ou mélomanes qui font hélas un amalgame : orgue = la messe. .. Cet aspect religieux de l'orgue peut être ressenti comme une contrainte par les organistes d'aujourd'hui alors qu'autrefois, c'était un tremplin pour la création musicale. L'idéal pour les organistes et les facteurs d'orgues serait que la musique d'église retrouve son niveau de qualité des 17ème ou 18ème siècle par exemple. Néanmoins on peut faire preuve d'un certain optimisme par rapport au travail et à la réflexion approfondie sur sujet par certaines communautés religieuses, pour qui la musique dans la liturgie semble recouvrir un aspect important. Je crois que si un renouveau est possible dans ce domaine il viendra probablement du coté des monastères. Notre activité de facteurs d'orgues est toujours liée en partie à cet état de chose bien que le " concert d'orgue " se développe aujourd'hui plus qu'autrefois et que les restaurations d'orgues engagées par la direction du patrimoine représentent maintenant notre principale source de travail. Pour être facteur d'orgue, il faut savoir un peu tout faire ? C'est un métier qui touche à beaucoup de domaines, mais c'est je crois pour une grande part, un métier du bois. Les menuisiers ou charpentiers qui viennent à la facture deviennent très vite d'excellents ouvriers facteurs. Le domaine de la tuyauterie est bien sûr très différent, et passionnant lorsqu'il s'agit de restaurer une tuyauterie ancienne. Vous travaillez avec un tuyautier Britannique, je crois ? Nous fabriquons parfois nous même la totalité des tuyaux d'un orgue, mais en général, des délais très courts nous sont imposés et il est souvent difficile de les respecter. C'est pour cette raison que nous recourons parfois à la sous-traitance. Il y a aussi un aspect économique, mais nous veillons à ce que celui ci ne joue jamais sur la qualité finale .Cette entreprise britannique a accepté intégralement notre cahier des charges dans lequel est détaillée la spécificité de notre propre facture, à savoir : métal raboté à la main, tuyaux plus minces en haut, etc. |