Entretien avec Pascal Quoirin - 18 Août 1999 - St Didier (84) Depuis quand êtes vous installé à Saint Didier ? Depuis 1989 ; avant, nous étions dans de vieux locaux à Carpentras. L'entreprise fut créée en 1975 Pourquoi cette région du Vaucluse ? Parce que j' ai construit mon premier instrument, pour l'ancienne cathédrale de Carpentras, de 1970 à1972 Comment êtes-vous devenu facteur d'orgue ? J'ai suivi un cursus habituel, c'est-à-dire l'entrer en apprentissage chez un facteur d'orgues. C'est un métier qui s'apprend de cette manière depuis toujours. Aujourd'hui, c'est un peu mieux organisé, les apprentis ont à leur disposition un enseignement de deux à trois ans dispensé par un facteur d'orgues à Eschau en Alsace. Malgré tout la pratique en atelier demeure bien sûr indispensable. On a vu pas mal de grandes maisons de facture d'orgues être obligées de fusionner ou fermer ces dernières années...Elles n'ont pas seulement fermé par manque de travail, mais plutôt pour des raisons économiques liées à un équilibre financier de plus en plus problématique pour des entreprises de petites tailles. Cette situation n'est pas seulement propre à la facture d'orgues, mais concerne bien tous les métiers travaillant pour la conservation du patrimoine. On peut donc quand même vivre de la facture d'orgues ? Bien sûr! Mais ce n'est pas simple car malgré tout il y a une forte concurrence. Le nombre des petites entreprises de facture est relativement élevé pour l'activité proposée. Il y a en France, environ 150 à 200 artisans facteurs d'orgues inscrits au répertoire des métiers, cela semble considérable pour les gens qui connaissent mal notre profession. mais, vu sous un autre angle, cette situation n'a rien d'extraordinaire. Si l'on fait une moyenne de deux personnes par entreprises artisanales on peut estimer à environ 400 le nombre de personnes travaillant en facture d'orgues. Au 19ème siècle, les ateliers de Cavaillé Coll comptaient à eux seul plus de 80 personnes ! et ils construisirent plus de 700 orgues, ils n'étaient pas, bien évidemment, les seuls en France à cette époque... On peut donc aujourd'hui estimer le nombre actuel des facteur d'orgues plutôt réduit au regard de cette situation antérieure. D'autre part, si l'on fait une comparaison avec l'Allemagne où l'ensemble de cette profession est actuellement au moins quatre à cinq fois plus important qu'en France ... on serait en droit de penser que l'avenir de la facture française n'est pas réjouissant ! |